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L’intégrité éditoriale est-elle soluble dans le capital ?

L’intégrité éditoriale est-elle soluble dans le capital ?

libé
L'argent, c'est mal.

Gérard Guégan, avec toute la subtilité du discours d’extrême gauche, affirmait récemment dans L’Humanité que « dès qu’il y a de l’argent, les Minc arrivent ».

Pour lui comme pour beaucoup d’autres, journalisme et capital sont incompatibles. L’intégrité éditoriale serait corrompue non pas par la recherche du profit mais par la dimension financière des journaux. On ne gère pas un journal comme une entreprise, disait encore Guégan, décidément très inspiré.

Indymedia devrait ainsi être un modèle de qualité et de probité. Tout comme Rivarol, à la diffusion aussi réduite que ses idées.

Rapporter l’intégrité d’une publication à sa taille se réfute en quelques exemples. D’autant que plus l’audience est importante, plus la probabilité pour que les lecteurs aient des points de vue différents augmente. Dès lors, les journalistes ont intérêt à adopter un ton plus neutre, acceptable par tous.

Un argument plus répandu serait que les journaux se compromettent en acceptant de vivre aux dépends de la publicité. Le Canard et Charlie peuvent se targuer d’une certaine indépendance lorsqu’ils ferment leurs pages aux annonceurs. Mais, d’une part, ils peuvent justifier leur prix par un contenu de qualité et, d’autre part, leurs envoyés spéciaux dépassent rarement la Porte de Champerret.

L’information nécessite un budget plus conséquent que la satire. A moins de se lancer dans l’impression de faux billets, les médias d’information générale devront forcément rendre des comptes à ceux qui les financent. Quelle que soit leur taille.

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Bon nombre de rédacteurs expliquent encore les difficultés de leur papier d’un « Mais les gens sont tellement cons, ils savent pas ce qu’ils perdent à pas nous lire ». Je caricature ? A peine.

Tant que les journalistes répugneront, comme Guégan, à maîtriser les logiques économiques, ils laisseront la voie libre aux Minc.

View Comments (6)
  • « Tant que les journalistes répugneront, comme Guégan, à maîtriser les logiques économiques, ils laisseront la voie libre aux Minc. » dites-vous.
    Mais tant que les journalistes répugneront à remettre en cause leur statut fantasmé de diva « intellectuels », pour réaliser qu’ils ne sont que des ouvriers journaliers au service exclusif des intérêts de leur employeur, ils laisseront également la voie libre aux Minc et consort.
    Vous voyez, c’est dommage de faire dans la caricature, car vous donnez 100X raison à Guégan.
    D’ailleurs, si être communiste pour vous signifie être d’extrême gauche, vous êtes assez risible….

  • Cher journaliste,

    Oui, les journalistes sont au service de leur employeur, c’est meme pour cela qu’il les payent (« ouvriers »: j’ai encore jamais attrappe de cloques en tapant sur un clavier ; « exclusif »: ca depend du contrat). Je pense effectivement que le journalisme se portera beaucoup mieux quand certains d’entre-eux arreteront de se croire au service des citoyens.

    Et oui, je fais dans la caricature. L’objectivite, je laisse ca a ceux qui pretendre pouvoir l’atteindre.

  • Deux commentaires, deux opinions excessives…
    La meilleure façon d’être au service de son employeur, c’est d’effectuer un travail journalistique de qualité et d’informer comme il se doit les citoyens, car seul un bon journal peut se vendre et être rentable sur le long terme. La qualité pour les citoyens, la rentabilité pour l’employeur.

  • C’est facile de taper sur les journalistes. Sincèrement. ET si on parlait de ceux qui détiennnent les cordons de la bourse ? Si LVMH, Dassault… étaient réglos, il n’y aurait pas de problème. Les journalistes de leur rédaction pourraient faire correctement leur travail. Les réactions de la TRibune et des Echos lors des dernières négociations devraient justement vous faire réfléchir…

  • Chris,

    Les journalistes participent a la production d’un bien de grande consommation qui se vend de moins en moins bien. Ce que je trouve aberrant, c’est que *certains* d’entre-eux accusent leurs clients potentiels de mal consommer. Ce qui les rapproche de la vision Gueganienne de l’economie des medias.

    Ensuite, les conflits d’interets empoisonnent la plupart des redactions en France, nuisant clairement au travail des journalistes, et cela me revulse sans doute autant que vous. Mais c’est au legislateur de s’interroger sur les raisons qui poussent un marchand de canons a posseder un journal.

  • exemple d’intégrité …
    mail que je viens d’envoyer a Canal+ :
    Hello tous.
     »
    Dans votre emission du 17 vous parliez d’intégrité journalistique et de l’information en intro (crevettes…, info serieuse…).
    Il est donc tres mal venu d’avoir intégré des images de madagascar dans un sujet consacré à la guadeloupe:
    – ce ne sont pas des policiers mais des gendarmes qui s’opposent aux manifestants en guadeloupe. sur les images on voit les lettres « police » sur des uniformes qui ne sont d’ailleurs pas ceux des gendarmes mobiles français.
    – la grande majorité des gendarmes mobiles en Guadeloupe sont blancs.
    J’ose à peine imaginer le dialogue dans la salle de montage : « ouais c bon i sont noirs et c la merde dans la rue, ça va passer… »
    Merci de rectifier l’erreur auprès des téléspectateurs qui vous font confiance. Merci de votre rigueur journalistique.
    « 

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