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Christophe Barbier : «Internet, ce n’est pas une option»

Christophe Barbier : «Internet, ce n’est pas une option»

Christophe Barbier dirige le magazine l'Express. Clémence Pène l'a interviewvé pour le site imedias.biz, en lui posant vingt questions. J'en ai extrait quatre :

Quelle est la place d’Internet dans la politique de L’Express?
Il est évident que le site Internet va être rapidement le pôle de prospérité de la presse écrite. C’est par Internet que reviendront les recettes publicitaires perdues sur les petites annonces d’emploi ou la publicité commerciale. Il faut donc avoir un site puissant pour faire un maximum de pages vues pour qu’on vende autant d’encarts pub et de pages pub Internet que possible. J’ai donc décidé de mettre la rédaction du news au service du net. On a un service net d’information permanente, ils vivent leur vie : ils ont une rédaction qui est quasiment une rédaction d’agence ou de multiquotidien. Mais les services de la rédaction papier peuvent apporter beaucoup au site Internet : de la mémoire, des scoops, une expertise. On peut demander à un journaliste du papier de faire un petit texte, un son, une vidéo ou de donner le numéro d’un de ses contacts pour aider le site Internet. Tous les matins, la conférence commence par l’actualité du jour que le site Internet souhaite voir traiter par l’équipe de l’hebdo papier.


Les journalistes de L’Express seront-ils donc formés à la radio ou la vidéo ?
Pour l’instant, on n’est pas encore en mesure de produire une vraie radio ou une vraie télé. La formation se fait un peu sur le tas. Selon leurs capacités, les journalistes choisissent le support sur lequel ils vont s’exprimer sur le net. Mais à terme, j’aimerai bien qu’on puisse former les gens non seulement à parler devant une caméra, mais à se servir d’une caméra. Il faut qu’on ait une montée en puissance régulière là dessus. C’est difficile, sur le terrain, pour un journaliste hebdo, de se comporter à la fois comme journaliste hebdo, avec le type d’enquête et d’interrogation que cela représente, et de filmer. Ce sont deux métiers différents. Etre devant la caméra pour faire un commentaire, on sait faire, mais filmer en même temps qu’on enquête, c’est compliqué. Le rapport aux sources et au sujet change.

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A quoi ressemble le journaliste de demain ?
Une formation journalistique aujourd’hui, c’est une formation multi-support. Un journaliste de presse écrite, même sans être un spécialiste de la caméra ou du montage, doit savoir parler devant un micro ou une caméra, faire passer ses informations par un autre canal que le canal de son stylo. Internet, c’est une télévision, une radio interne au journal. Si on est payé par un journal, on est payé pour être sur ces médias là aussi. Dire « je n’écris que pour le papier », c’est comme dire « je n’écris que pour les abonnés, je ne veux pas être vendu en kiosque ».

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Ces considérations ne se heurtent-elles pas à des réticences dans les rédactions ?
On peut avoir des réticences. Ça veut juste dire mourir dans les années qui viennent et être au chômage. Il faut s’adapter, c’est tout. Internet n’est pas une option. Ce n’est pas une révolution, c’est l’actualité. C’est maintenant. Il faudrait déjà penser à la suite, qui est le journalisme adapté au téléphone portable. Quels services va-t-on pouvoir offrir ? Mon édito est adapté au web, mais est-il adapté au téléphone portable ? Qualité sonore, qualité d’image, c’est compliqué. On a 5000 abonnés qui se sont abonnés par le site Internet. Des abonnements qui ne nous ont rien coûté. C’est bien la preuve que l’un ne tue pas l’autre. Il suffit d’en avoir 150000 comme ça, et on est tirés d’affaire.

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