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Comment sont construites les pages d’accueil des sites d’actualité

Comment sont construites les pages d’accueil des sites d’actualité

Petit aperçu de la répartition du contenu sur les homepages des sites médias français

Comment sont construites les pages d’accueil des sites d’actualité? Pourquoi elles sont construites comme cela aujourd’hui et comment cela a changé au fil des années? C’est une question plus qu’intéressante. L’Observatoire des Médias s’était déjà penché – il y a des lustres, en 2007 – sur cette nouvelle mode qui était leur longueur pléthorique. Pour illustrer, je ne n’avais pas pris en illustration les homepages spécifiquement mais tout ce que l’on pouvait trouver à la suite d’un article, et j’avais titré «Musclez-vous la molette, les nouvelles pages sont là».

Les sites ont depuis bien évolué, les CMS et les techniques de SEO aussi, en se calquant, tant que faire se peut sur la boîte noire par excellence : le fonctionnement des algorithmes de Google et autres moteurs de recherche. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il faut toujours se muscler la molette pour tenter d’atteindre le bas d’une page.

Cette semaine, on a pu voir sur Linkedin le post de Raphaël Rollin, Responsable SEO chez Altice media (BFM, 01net, RMC…) qui partageait sa veille  : « Petit aperçu de la répartition du contenu sur les homepages des sites médias français. »

Ce que veut démontrer Raphaël Rollin :
– le SEO ne doit pas être opposé à l’UX
– il doit être associé à la réflexion « uidesign », « uxdesign »

Et il va appuyer sa démonstration à l’aide de deux infographies, représentant une bonne somme de travail, qui font apparaître le zoning par catégorie de contenus sur les pages d’accueil des sites d’actualité en France.

Les pages article en 2007

1. Les blocs pub et marketing

Les blocs pub et marketing (Source Twitter.com/raphaelrollin)

Détaillons les singularités remarquables de l’infographie des blocs pub et marketing :

Contenu partenaire = mise en avant d’articles sponsorisés (template article du site)
Service partenaires = annonces immo, codes promos, sous-domaines dédiés…

Pub native = les services bien connus Outbrain et Taboola. Visiblement, toute la pub qui n’était ni Outbrain ni Taboola lors de cette analyse apparaît en tant que « Display« .

Abo, parutions = des encarts d’auto-promo pour l’abonnement, et des liens vers des pages d’abonnement et vers les derniers numéros print.

 

Contact (vert anis) =  « contactez-nous » ou mise en avant des réseaux sociaux.

 


2. Les blocs éditos

La diversité des blocs édito « est un levier d’audience important, notamment en raison de l’analyse par les algorithmes de Google. L’enjeu de la homepage doit donc se discuter en y associant le SEO », précise Raphaël sur Twitter.

Les blocs edito (Source Twitter.com/raphaelrollin)

Détaillons les singularités remarquables de l’infographie des blocs edito :

Flash info, fil 24/7 (rouge) = On le remarque, c’est devenu un élément essentiel sur les sites. Pourquoi? Parce qu’il est renouvelé quasi en permanence grâce au fil de dépêches AFP auquel les sites sont tous abonnés. C’est, comme pourraient très bien le dire Julia Cagé, Nicolas Hervé et Marie-Luce Viaud une catastrophe pour la duplication des contenus, mais dans le même temps, ce bloc permet de montrer à Google News à quel point le site est mis à jour en continu.

Liens tags (orange) = Il s’agit de  liens vers des pages tags ou dossiers (tag = Trump / dossier = la contestation du scrutin). On remarque que 5 sites sur 10 les ont placés tout en haut de page. Tandis que Le Monde et France Info les disposent dans leur menu.
Bloc dossier (jaune) = bloc d’articles exclusivement rattachés à un dossier. On peut se douter que ce type de blocs permettent un meilleur référencement, mais pas que. Cela apporte de la clarté au niveau du rangement des informations. Remarquons ceci sur la nouvelle mise en page de la home de LCI. :
un dossier en home du site de LCI

Verticale = des rubriques transversales étant devenues des marques à part entière, comme « Les Décodeurs », ou des émissions comme « Ligne rouge ».
Format =  vidéos, diaporamas, podcasts…

 

Covid-19 : Notez bien la barre bleue en haut du site de Franceinfo: titrée « L’essentiel sur le CORONAVIRUS », c’est une véritable trousse à outils. Si la position de ces informations est certainement une bonne idée au niveau SEO, c’est surtout un très bon service rendu à l’internaute qui a tout tout de suite sous la main.

Dans son dernier post, Raphaël Rollin détaille un peu aussi sa méthodologie :
– L’idée était pour lui de représenter la place du contenu prévue par la structure des sites. Pas de visualiser l’organisation de l’info à un instant T. Ni d’analyser l’ergonomie (auquel cas il aurait utilisé des captures mobiles).
– Il a exclu header/menu/footer et arche pub.
– Il a retiré du contenu édito au Figaro, pour voir plus bas sur la page, car elle est en réalité bien plus longue.

Raphaël Rollin commente ainsi ses infographies :
Chaque métier en tirera des conclusions…

De mon point de vue SEO, je me suis intéressé à la place et à la diversité des blocs éditos parce que c’est un enjeu :
technique (entrées multi-dimensionnelles = moins de profondeur et plus de fraicheur)…
sémantique (l’algorithme de Google News analyse tout : l’organisation de l’information, le traitement des sujets, primeur/richesse/variété/originalité/etc.)…
– et UX bien sûr (voir notamment les récentes annonces de Google).

De l’utilité des Blocs « dossiers »

Dans un thread, Raphaël Rollin analysait comment avait été traité le décès de Jacques Chirac :

Il y faisait, entre autres, des observations sur le rôle des homepages dans la visibilité des sujets, lorsqu’un événement bouscule d’actualité :

Ce que l’on peut comprendre de ces infographies :

Dans son post Linkedin et ses tweets, on comprend l’approche SEO de Raphaël Rollin : pour lui, il ne s’agit pas d’optimiser la homepage pour la positionner sur Google, mais de la voir comme la page de référence pour l’utilisateur comme pour le moteur de recherche.

On le sait, l’importance de la homepage est discutée depuis longtemps, notamment son rôle dans le parcours utilisateur.

Mais on peut voir que le SEO pourrait réconcilier tout le monde :

  • les idées créatives et originales développées par les différents sites sont appréciées par les moteurs si elles respectent quelques contraintes de base de lisibilité;
  • il ne faut pas que les besoins SEO soient vécus comme des contraintes, mais des « plus », pour maximiser l’audience des contenus.

On comprend que Raphaël Rollin veut lui aussi insister sur le dialogue nécessaire entre services pour innover : cela donne des idées nouvelles, profitables à l’image de marque et propices à la conversion.

Cadeau bonus déniché sur le fil twitter de notre expert SEO : une de ses collègues a partagé une photo de Raphaël au travail, en train de collecter ses données :

https://twitter.com/ad_bacos/status/1332090580374073345

View Comments (4)
  • Étude passionnante bien sûr mais alors que la majorité de l’audience des sites étudiés se fait en version mobile, je m’interroge sur la pertinence de la démarche. A quand une étude identique sur le mobile ? Et pendant qu’on y est, a quand une étude sur le format des pages articles qui, dès lors que le SEO est bien fait, sont des pages d’entrée bien plus intéressantes que les HP.

    • Merci. Voici pourquoi j’ai choisi la version desktop et la choisirai encore pour l’analyse SEO des homepages.
      La démarche était de visualiser l’agencement de *l’exhaustivité* des contenus par type. Donc pour une infographie en aplats de couleurs, la vue est bien plus riche en desktop. En version mobile, cela serait peu lisible (très très longs strips verticaux), redondant (un bloc après l’autre) et non exhaustif (expands, accordéons, sliders…). De plus, les sites sont aujourd’hui largement compatibles avec le « mobile first indexing » qui impose une équivalence du contenu entre appareils, donc on peut analyser l’affichage souhaité sans rien manquer de l’une ou l’autre des versions. Bref, desktop sans hésitation, pour avoir une vue réelle du volume de contenus et des diverses possibilités d’organisation.
      En revanche, pour analyser l’ergonomie et l’exposition potentielle des utilisateurs aux contenus, là oui il faudrait des captures mobile, Mais uniquement les hauts de pages, sans masquer le design réel (couleurs transparentes) et avec du mouvement pour voir le fonctionnement. Donc c’est une autre démarche (et une autre paire de manche, j’avoue).

      L’analyse des pages articles est clairement quelque chose à faire ! Leur audience dépend moins de leur structure que de leur contenu+timing… Donc autre démarche encore, plutôt focus sur l’expérience de lecture (passionnant), même s’il est impossible de résumer des pratiques éditoriales dans un schéma.
      L’analyse structurelle ne doit pas s’arrêter aux pages d’entrées majoritaires. Comme le dit très justement Gilles Bruno, il ne s’agit pas de voir la homepage comme une page à positionner sur des mots-clés, mais comme une page de référence qui a un rôle *capital* dans la visibilité des pages intérieures : enjeu de crawl, de rapidité d’indexation, de linking et d’analyse de la hiérarchie par Google Actualités. D’où cette visualisation complète des contenus qui remontent en vitrine.

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