L'Observatoire des médias

La cagnotte était dans le cimetière

Trop tard pour les rentabiliser. Photo Gazapo Feral

Dans leur lutte désespérée vers la rentabilité, les journaux en ligne se tournent désormais vers ceux qui sont partis vers l'au-delà. Ou plutôt vers les sous qu'ils ont laissés ici.

Quand une nécro sur papier ne se garde qu'une journée, sa version informatisée se conserve pour toujours. Mieux, elle peut aussi contenir des photos et des vidéos. Associated Northcliffe Digital, qui opère le plus grand réseau de journaux en ligne outre-manche, s'est aperçu de l'aubaine et a centralisé toutes ses notices de décès sur le site Lasting Tribute, qui offre, comme son nom l'indique, un hommage durable et multimédia à ses membres. Dans l'esprit 2.0, les visiteurs peuvent même laisser des commentaires sur les pages des morts.

Respectance, une start-up californienne, vient même d'ouvrir un réseau social pour macchabés (enfin, pour leurs proches, s'entend). Impossible de se ‘poker' sur Respectance mais on peut établir une liste de ses morts préférés. On imagine la puissance des millions d'annonces d'un éditeur de presse couplé aux fonctionnalités d'un tel site.

La palme de l'innovation revient au Miami Herald qui, d'après Bob Norman, proposera bientôt à ses lecteurs de poster une vidéo lors de leur décès. Le concept est fort comme la mort : Vivant, les internautes enregistrent une vidéo qui sera diffusée le jour de leurs funérailles. L'humoriste Art Buchwald a donné l'idée au journal lorsque, le 17 janvier dernier, il déclarait sur le site du New York Time « Hi. I'm Art Buchwald, and I just died. »

En France, Le Monde explore cette direction avec son nouveau service de faire-parts en ligne, bien qu'aucun faire-part de décès ne soit encore visible. A 45€ l'annonce, le journal espère rentabiliser le rôle de leader qu'il détient aux yeux de sa communauté de lecteurs.

J'attends avec impatience la version internet des Messages Personnels de Libé.

Note de GB:

J'irai même plus loin avec ses pages Entre Nous, mythiques, c'est Libération qui aurait pu créer un Meetic. En revanche le partenariat avec l'allemand Parship (qui fait ces jours-ci de la publicité télé) fait penser que ce n'est pas demain que Libération reprendra la main sur ce business, à son nom, avec sa marque.