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Murdoch au secours de la presse

Murdoch au secours de la presse

Madagascar
Madagascar: En attendant Rupert. Photo Luc Legay

Même si vous êtes en vacances sur une plage de Madagascar, vous n’avez pas pu échapper au dernier round du match Wall Street "Baby Face" Journal vs. Rupert "Merciless" Murdoch. Peut-être même avez-vous lu, en marchant entre la piscine et le barbecue, les réactions peu encourageantes de journalistes plus ou moins professionnels.

Pourtant, peu d’investisseurs aujourd’hui seraient prêts à offrir une prime de 82% sur les actions d’un groupe de presse. Murdoch l’a fait parce qu’il croit au potentiel des journaux comme le WSJ.

Loin d’être devenu sénile, le vieux patron de News Corp. sait que les médias traditionnels ne contrôlent plus la conversation, que les attentes des consommateurs ont été révolutionnées et que les vieux médias ne survivront qu’en s’adaptant. Il l’a dit lui-même dans Forbes (via Juan Giner).

Il a maintenant l’occasion de montrer qu’il a de la suite dans les idées. Il peut récupérer rapidement ses cinq milliards en dépeçant le groupe Dow Jones et en détournant la valeur des lecteurs vers son portefeuille, mais il ne le fera pas. Sa stratégie de long-terme serait de capitaliser sur la marque du Journal pour l’arrimer définitivement au 21e siècle et redresser ses profits, en baisse de 26% au second trimestre. Cela passera peut-être par l’ouverture du site wsj.com.

Même si la mission première de ce rachat consiste à complémenter le portefeuille du groupe pour concurrencer le FT (circulation en hausse de 12%), le montant de la transaction prouve que les marchés se trompent complètement sur la valeur des médias traditionnels.

Chart
Conseil OdM: N'achetez pas d'action Media General.
Vert: Dow, Rouge: Lockheed Martin, Bleu: Media General

Le cours de l’action de Media General montre que les investisseurs préfèrent les marchands de canons aux marchands d’information. Murdoch vient pourtant de montrer que les titres de presse ont encore de la valeur, pour peu que leurs dirigeants formulent une vision adéquate et se donnent les moyens de réussir. Le talent des journalistes, la puissance des marques et la position des journaux représentent autant d’atouts sous-utilisés, mais que Murdoch entend bien mettre à profit.

Ensuite, on peut pérorer sur les conséquences de ce rachat sur le Journalisme avec un grand J, c’est une autre affaire. Et les procès d'intention s'accumulent contre la firme qui publie, entre autres, le Times, les Simpsons, Les Raisins de la Colère (le film) et No Logo.

View Comments (2)
  • WSj,

    Excellent cette vidéo: « The family was dragged kicking and screaming to do this deal » !! Si cet anti-Murdoch en est réduit à nous faire pleurer sur le sort des Bancroft, c’est qu’il est vraiment à court d’arguments.

    Quant aux résiliations d’abonnements qu’il évoque, libre aux consommateurs de lire ce qu’ils souhaitent. Ca m’étonnerait néanmoins que ça ait une influence sur les revenus du Journal.

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