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Droit voisin: un accord avec Google n’empêchera pas le pillage des informations

Droit voisin: un accord avec Google n’empêchera pas le pillage des informations

Droit voisin: un accord avec Google n'empêchera pas le pillage des informations

On parle beaucoup du refus de Google de payer les éditeurs de presse pour mettre en avant leurs contenus mais les médias ont un autre problème… Le débat sur le droit voisin via Google doit pousser les médias à s’interroger sur un autre droit qui semble prévaloir dans la presse, celui de se piquer des informations et de les reproduire sans véritables contreparties.

Être repris par d’autres médias fragilise le journalisme. C’est plutôt valorisant a priori. Sauf que lorsque l’on n’oublie pas de vous citer, vous laissez échapper tout ou partie de votre travail…

Beaucoup de journalistes montent au créneau pour dénoncer cette pratique mais ça reste un sujet tabou dans les médias. Il n’est ainsi pas rare que des informations payantes sorties par des médias se retrouvent en accès libre sur des sites concurrents, ce qui fragilise leur modèle économique. Est-ce encore tolérable ? En agissant ainsi, quelle crédibilité a-t-on pour ensuite demander à nos lecteurs de ne pas publier nos informations sur les réseaux sociaux ?

On peut reprocher beaucoup de choses à Google ou à Facebook, mais les médias devraient aussi profiter du débat autour de la propriété intellectuelle pour se mettre autour d’une table et discuter de la protection des informations entre eux.

On pense que nommer un confrère en reproduisant ce qu’il a écrit suffit à se dédouaner. Certains papiers se résument à « Selon tel ou tel journal », « révèle untel ou untel « , et multiplient les citations. Au mieux, on place un petit backlink et le tour est joué. Mais ça ne suffit pas… Ça ne devrait pas suffire.

Une plateforme de « teasing » de l’information ?

Il faut protéger l’information de qualité, l’info de première main… Alors penser que seul Google pourrait le faire en indiquant, grâce à ses algorithmes, quel média a publié le premier tel ou tel papier, c’est se donner bonne conscience. C’est remettre une nouvelle fois entre les mains d’un géant du web ce que les médias devraient commencer par faire eux-mêmes.

Il n’y a jamais eu autant d’informations copiées-collées. Dans L’Information à tout prix, Julia Cagé, Marie-Luce Viaud et Nicolas Hervé affirment même que « 64 % de ce qui est publié en ligne est du copié-collé« . Or le temps passé à reproduire, on ne le passe pas à créer. Et les informations originales ou de première main se retrouvent noyées dans la masse.

Face à ça, que faire ? Les journalistes doivent-ils cesser de reprendre les infos de leurs confrères ? Je ne le crois pas. Mais on peut protéger l’information première en passant par le teasing par exemple.

Il faut revoir la manière dont l’information circule et passer d’un « journalisme statique » à un « journalisme de passerelles ». On pense parfois à tort que pour garder des lecteurs, il faut avoir le plus large choix d’informations possible sur son site, quitte à recopier. En réalité, les lecteurs sont attirés et le seront de plus en plus, par l’information originale, celle qui prend le contre-pied. Recréer des liens entre les sites des médias serait aussi une façon de prendre ses distances avec le tout-puissant Google.

On peut aller plus loin. Pourquoi les médias ne s’organiseraient-ils pas entre eux pour créer une plateforme visant à attirer les lecteurs sur des articles de première main ? L’idée serait de créer une sorte d’effet bande-annonce appliqué au journalisme…

Vous avez d’autres solutions à ce sujet ? On vous écoute…

Par Demain Journaliste, à retrouver sur Twitter : @2m1journaliste

 

Photo by Reza Rostampisheh on Unsplash

View Comments (2)
  • C’est à dire que… la copie c’est (quasi) gratuit, c’est possible, c’est utile, c’est correct.
    Nous avons fait de la reproduction un modèle économique de la production à un moment où c’était difficile et cher.
    A partir de là tout ce qui était du copyright était juste et tenable parce qu’il était possible de le tracer.
    J’ai l’impression que ce n’est plus ni tenable ni vraiment juste (même si, comme tout le monde, j’ai du mal à laisser tomber l’idée vu que j’ai été éduqué avec comme si c’était un invariant éternel).
    Alors ce qui compte c’est la garantie de qualité, ce que permettaient autrefois les marques et la lutte de la contrefaçon. En effet je dirais que le lien, outil documentaire, a montré des forces notamment dans les domaines universitaires et scientifiques. Ça n’empêche pas les faux, les canulars, les erreurs, et là encore on peut voir que les systèmes à péages du 20è siècle sont remis en question dans le secteur scientifique qui n’est pas pourtant pas particulièrement connu pour sa légèreté. Le deepfake montre aussi où réside la valeur, cette fois-ci en creux.

    L’idée de plateforme de contenus de première main est très bonne, mais le processus est en cours peut-être, simplement cela pourrait ne concerner que les scientifiques et non les journalistes qui travaillent plus sur du remix.

  • La plateforme numérique Smartrezo.com a été créé dans ce sens à vous journalistes et médias de la prendre en main. L’info de première main y a toute sa place et surtout l’info que les grands médias ne traitent plus car toujours à la recherche de l’info buzzz. Pas de place non plus pour l’info dans l’immédiateté car c’est bien celle-là qui contribue à tuer le métier de journaliste. Sur Smartrezo les contenus articles et vidéos sont publiés essentiellement par nos Membres Premiums et sont vus par des internautes qui recherchent la vraie information et majoritairement ils ne sont pas sur les Réseaux Sociaux. Les habitués passent en moyenne 3 fois par jour et en 1 clin d’œil ils trouvent les news nationales ou de leur territoire. A vous journalistes ou médias de mettre vos titres avec un bout de vos publications et l’url pour que les internautes arrivent sur votre site pour lire la publication dans son intégralité.

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